Un cheminement intérieur : j’ai l’impression d’avoir tout vécu… et il me reste maintenant la vie à vivre
- Mireille Magnée
- 6 juin
- 4 min de lecture
Il y a parfois des instants, suspendus hors du temps, où l’on sent que tout ce qui pouvait être vécu l’a été. Comme si quelque chose se refermait. Comme si l’on avait atteint le bout de ce qui était possible, pensable, supportable.
C’est une sensation étrange, silencieuse, viscérale.
Et dans cette traversée… il y a eu, pour moi, la mort.
Pas celle que l’on craint.
Celle que l’on porte.
De l’autre côté, la vie
L’autre jour, je me suis surprise à penser à la mort. Pas comme une fin tragique, mais comme une compagne.
Une présence que je connais depuis toujours, et qui ne m’a jamais vraiment quittée.
Elle était là, dans les plis de mon histoire. Dans l’ombre de mes jours les plus sombres. Elle a frôlé mon corps, mes pensées, mes liens les plus précieux.
Elle a essayé de me prendre. Et parfois, j’ai presque voulu la suivre.
Mais à chaque fois, c’est la vie qui m’a retenue. Qui m’a rappelée à elle.
Qui m’a arrachée à l’oubli pour me replacer ici, dans le souffle, dans la chair, dans l’instant.
Mourir à ce qui ne tient plus
Il y a toutes ces grandes morts, bien sûr.
Mais il y a aussi celles qui ne se voient pas.
Les petites morts du quotidien.
Celles des croyances, des habitudes, des attachements qui nous tenaient lieu d’équilibre.
Ces moments où tout s’effondre sans faire de bruit.
Ces secondes de lucidité où l’on comprend que quelque chose est fini.
Et que c’est notre tour de choisir :
Résister ou s’abandonner
Se figer ou traverser
Mourir à l’ancien pour laisser une place au nouveau.
Le carrefour
Je suis arrivée à un de ces carrefours.
Ceux qui ne préviennent pas.
Ceux où l’on ne sait plus si l’on avance ou si l’on tombe.
Ceux où chaque partie de soi semble vouloir tirer dans une direction différente.
Et puis… il y a eu cette phrase, revenue du fond de mes entrailles :
"J'ai l'impression d'avoir tout vécu ... et il me reste maintenant la vie à vivre"
Elle m’a bouleversée.
Parce qu’un jour, cette même phrase m’avait fait croire qu’il ne me restait plus rien. Plus rien à découvrir.
Plus rien à espérer.
Et là, elle disait l’inverse.
Elle portait une promesse.
Elle ouvrait une porte.
Revenir dans sa structure intérieure
Quand tout semble s’effondrer, il ne reste que ça :
La structure intime, invisible, silencieuse, sur laquelle on peut s’appuyer.
Pas celle qu’on montre aux autres.
Pas celle qu’on performe.
Celle qui tient, en dedans, même quand tout vacille.
C’est là que je suis revenue.
Dans cet axe profond.
Ce point d’équilibre que je retrouve parfois au cœur de la douleur.
Et à cet endroit, ce n’est pas le bonheur qui m’attendait.
C’était la vie.
Brute, vivante, incomplète, vibrante.
Avec ses zones floues et ses élans intacts.
Face au mur : une autre issue
Et parfois, cette structure, on ne la sent plus.
On est là, face à un mur.
Un mur immense, froid, fermé.
On s'y cogne.
On s’épuise.
On cherche l’ouverture.
Mais il n’y en a pas.
Et c’est là qu’un pas de recul peut tout changer.
Parce que si tu as pu arriver jusque-là, c’est qu’il y a eu du chemin.
Et ce chemin, tu peux le revisiter.
Pas pour fuir, mais pour voir autrement.
"Ce n'est pas en fixant le mur que tu trouveras les solutions, mais en regardant d'où tu viens, et ce qui a été possible avant lui."
On dit souvent que nous sommes les créateurs de notre demain.
Mais parfois, ce que la vie nous montre, c’est qu’on a simplement pris une voie sans issue.
Et cela aussi, c’est permis.
Faire demi-tour, ce n’est pas un échec.
C’est reconnaître que l’on a exploré un chemin qui ne mène nulle part pour nous.
C’est reprendre la responsabilité de son orientation, avec douceur.
Et retrouver l’élan pour choisir autrement.
Et toi, où es-tu ?
Peut-être que toi aussi, tu ressens ce vertige.
Peut-être que tu traverses une perte, une fin, un décalage entre ce que tu vis et ce que tu espérais.
Je n’ai pas de solution à t’offrir.
Je n’ai pas de raccourci à proposer.
Mais j’ai ce vécu, ce passage, cette phrase.
Et je te la confie :
"J'ai l'impression d'avoir tout vécu ... et il me reste maintenant la vie à vivre."
Si tu peux, laisse-la résonner en toi.
Et vois si elle t’invite à te replacer, toi aussi.
Pas à redevenir ce que tu étais.
Mais à revenir dans ce que tu es devenu, là, maintenant.
Parce que la vie a peut-être encore quelque chose à t’offrir.
Et peut-être que ce “quelque chose” commence aujourd’hui.
Pour aller plus loin…
Je t’invite à lire cette réflexion dans l’espace intime où tu lis tes vraies questions.
Pas comme un article à consommer.
Mais comme un lieu à habiter.
Et si cette lecture t’a touché, prends un instant.
Pose une main sur toi.
Respire.
Tu es encore vivant.

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